Montluc, lieu de mémoire : ouverture en juin 2010

[admin piero]

le 27.12.2009

Le comité de pilotage de l'espace mémorial de l'ancienne prison, les associations d'anciens résistants et déportés ont abouti sereinement à la finalisation de ce projet, assistées par l'Onac, le CHRD et la Ville de Lyon


La dernière réunion, à la préfecture, du comité de pilotage de l'espace mémorial de la prison de Montluc, présidé par le procureur général Jean-Olivier Viout, a confirmé qu'après l'achèvement de la première tranche de travaux, l'ouverture à la visite s'effectuera en juin 2010. Montluc, là où au moins 7 731 Français ou étrangers, juifs et résistants, ont été internés dans d'abominables conditions.

« Il ne s'agit pas de faire un musée, rôle que remplit le Centre d'Histoire de la Résistance et de la Déportation, précise le procureur général, mais un des deux lieux de mémoire lyonnais qui sont complémentaires, l'autre étant la maison du docteur Dugoujon à Caluire ».

Fort du déblocage de 350 000 euros obtenu par le préfet Jacques Gérault, dans un premier temps il sera possible d'effectuer un parcours sur 39 cellules, l'une étant présentée avec son « aménagement » de l'époque, chacune étant accompagnée d'une photo et d'une biographie de détenus qui les ont occupées, illustrant la diversité des internés.

La 39e cellule sera celle... de Klaus Barbie, puisque l'officier nazi, après son extradition de Bolivie en 1983, avait été incarcéré à Montluc, le bourreau se retrouvant sur les lieux de ses crimes.

Extérieurement, si l'ancien réfectoire sera provisoirement aménagé en salle d'accueil du public, le lieu où était installée la « baraque aux Juifs », antichambre des camps d'extermination, sera occupé par un plan qui assurera sa visibilité, de même que, dans la « sanctuarisation » de ce bâtiment de détention, seront inclus le chemin de ronde ou le mur des fusillés.

Tout ne sera pas pour autant remis en l'état à court terme alors qu'une partie du terrain a été cédée à Lyon III qui aménagera des bâtiments d'études ou de séminaires. Quant à la gestion du site, le CHRD pourrait l'assurer. Il reste à savoir qui sera propriétaire des murs après le désengagement du ministère de la Justice et qui financera le fonctionnement alors que l'Etat a bouclé jusqu'ici l'intégralité du budget.

Pour l'heure les associations d'anciens résistants et déportés ont abouti sereinement à la finalisation de ce projet et continueront d'apporter leur concours, assistées par l'Onac, le CHRD et la Ville de Lyon. Avec en toile de fond le souvenir et la mémoire de tous ceux, pour la plupart disparus, «qui sont passés par Montluc ».

source : Le pogres /Gérard Chauvy

L'hommage à Georges Tassani

Il nous a quittés l'été dernier, celui que l'on appelait familièrement « Jo ». Il aura eu, auparavant, rappelle le procureur général Viout, « la satisfaction de voir l'aboutissement de tous ses efforts ». Avec l'Association des Rescapés de Montluc, il n'a cessé de multiplier les démarches pour « sauver » cette prison, réservoir d'otages des nazis, où il a lui-même séjourné. Georges Tassani, membre du réseau « Charrette » dirigé par Michel Cailliau, a été en effet arrêté en mars 1944, interrogé et torturé, puis interné à Montluc avant de connaître la déportation : Buchenwald, Dora et d'autres camps avant d'être libéré à Bergen-Belsen en avril 1945. Rescapé de l'enfer, « j'ai voulu, disait-il, rattraper mes années de jeunesse perdues en apportant la joie aux autres ». Et de se consacrer pleinement, la retraite venue, à l'exercice de la mémoire, à la défense de Montluc et aussi à l'organisation de la « Journée de la Résistance » chaque année, en juin, dans le Rhône. Bruno Permezel, qui a repris le flambeau de l'association, entend bien poursuivre le travail accompli..

source : Le pogres /Gérard Chauvy